Elle fait irruption sur scène, avec autour du cou un boa du genre mon ‘truc en plumes’. Une musique intempestive jusqu’à en devenir abrutissante s’interrompt brusquement. Elle fait mine de fournir une excuse « c’est pour voir si on est en phase ». Elle nous resservira ce mot d’ordre et mot de passe symptomatique d’une société zappante qui à force de vouloir faire communiquer les êtres, les rendrait sourds, voire autistes ; qui les confisquerait quasi-définitivement, corps et âmes. Mais ne révélons pas tout de go que Zaza est métaphysique. « Je m’appelle Isabelle Sprung, mon père est juif, lui beaucoup souffri » dit- elle caricaturant une intonation yiddish ; dans la foulée elle chante « bei mir bist du schön ». Sa voix légère et aimable se fait plus ample, avec des sonorités sourdes et rauques. Elle enchaîne : « Ma mère…juive…Maroc… elle aussi beaucoup souffri ». Nous voilà sous le charme de cette humoriste à la gaîté débridée, faussement farfelue, mais réelle bête de scène. Son sens de la valeur et de la charge affective des mots , son acuité souriante, font-ils un tabac ? Non, écolo, elle a arrêté de fumer il y a trois ans. Et la voilà qui interpelle son public, se justifiant par un « c‘est le moment interactif » qu’elle vous resservira un max. Les questions sur l’actualité sont pointues mais les spectateurs qui pouffent répondent tout à trac ; on pense à la fameuse ‘Bande à Ruquier’ à qui le patron fait réciter la ‘une’ ou même les brèves de nos quotidiens chéris. Ça continue, re-cascadant du coq à l’âne « mon mari qui râle quand je ne suis pas là… quand mon mari rentre… » Elle s’interrompt, fait mine de ne plus savoir où elle en est : « qu’est-ce qu’on disait ? » Et ça rebondit : la drague, la pub, les frustrations, ceux qui lisent Voici ou L’Equipe dans les WC, le happy-slapping. Elle nous sert une caricature de slam truffée de termes franglais et autre jargon globish et une remarque plus que crue sur les relations messieurs-dames. Son aplomb ébahissant, ses talents de charlot-féminin woody-allenesque, sa dégaine de Fo-folle de Chaillot, de pseudo-clocharde loufoque mais céleste fascinent : Elle est la vraie sœur cadette de Clémence Massart, ce monstre sacré aux one-woman-show faramineux. Entre les dénonciations des simulacres et des simagrées de notre quotidien, derrière son sens de la dérision se profilent la curiosité et les perplexités d’une humaniste, une fraîcheur d’âme, non pas naïveté mais tendresse authentique.
Théâtre Popul’air du Reinitas, 36 rue Henri Chevreau, métro Ménilmontant, tous les lundis à 20 heures. Réservations : 01 43 66 34 96
La presse en parle …
– 2/Le Mague : https://www.lemague.net/dyn/spip.php?article10375
– 3/Coup de cœur Anne Delaleu Les doubles vies de Sarah Bernhardt – Le Guichet Montparnasse
– 4/un Fauteuil pour l’orchestre :
« Les Doubles vies de Sarah Bernhardt d’Isabelle Sprung et Pascale Liévyn.
« L’adaptation de la biographie de la « divine » est intelligente et fine. L’actrice incarne son personnage hors normes avec ce qu’il faut de folie et de cabotinage. La robe et le fauteuil (enfin, on croit bien qu’il y avait un fauteuil, et elle avait sûrement une robe, ou alors on s’est vraiment trompée de salle ; il y en a d’autres dans le quartier qui proposent des spectacles d’un autre genre) sont très bien choisis. Le peu de moyens du Guichet impose des contraintes techniques avec lesquelles la comédienne joue très bien : petits noirs pour faire les transitions (et le public applaudit comme si c’était un numéro de cirque), lumières joliment dosées pour les ambiances diverses que le spectacle veut créer.
LE MONDE LIBERTAIRE
Dernier article sur mon livre et mon cd : « En attendant Godot…. Isabelle Sprung »
https://monde-libertaire.net/index.php
- L’EXPRESS
« Isabelle Sprung, comédienne pleine de punch »
- LE FIGARO
« Avec sa voix, drôlissime dans les aigüs, Isabelle Sprung se détache de cette joyeuse bande. »
- THEATREONLINE
« Une hystérique parmi nous Ce qui est sûr, c’est qu’ Isabelle Sprung, qui a fait ses classes au Cours Simon avec l’humoriste Sophie Forte, ne manque pas d’énergie. Une graine de comique est en train de naître Elle a des airs de Anne Roumanoff et des allures de jeune fille attardée qui ne sait pas trop quoi faire de son corps. On la sent bien sur scène, à l’aise dans ses baskets. Elle bouge, saute, se contorsionne dans tous les sens avec une énergie qui en fatiguerait plus d’un. Isabelle Sprung ne laisse pas indifférent le public et nous plonge parfois dans un univers franchement délirant. Il s’agit d’une comique en train de naître, et ça, ça ne se discute pas… »
- UNE ZAZA DE FOLIE
« Débarquée tout droit de la capitale avec sa Zaza sur le retour, Isabelle Sprung a embarqué les spectateurs de l’Arlequin dans un délire aux mille facettes.
Une fille de l’Est complètement à l’Ouest c’est ainsi qu’aime à se présenter Isabelle Sprung. Et il faut bien admettre que cet autoportrait de celle qui se fait appeler Tata Zaza sur scène est en fait plutôt très réaliste car, la Zaza, elle n’hésite pas à mettre à mal tous les codes. A commencer par son entrée en scène en forme de rappel de fin de spectacle. A suivre par une minute de silence pour les femmes ménopausées. A suivre encore son incroyable facilité à jongler entre élucubrations déjantées et interprétation de Chopin au piano. Il faut dire aussi qu’elle avoue avoir doublé des films pornos allemands alors qu’elle était vierge…
Une heure durant Isabelle Sprung embarque son public sur le bateau ivre des délires d’une artiste en folie créatrice avec pour seul bagage une petite culotte prise pour le voyage. Elle le fait avec la tendresse d’une « femme fatale qui s’épile » et à qui l’on « donnerait le Bon Dieu sans compassion ». Avec elle les codes de la bonne conduite et les faux-fuyants sont mis à mal. Un peu comme si « la ride qui se plisse avec l’usure du temps » n’avait pas d’emprise sur elle. Ce qui lui permet d’aller allégrement chercher un célibataire dans le public sans « gras qui pendouille » et sans « cellulite qui chatouille » tout en faisant l’apologie de « la rondeur qui était l’écriture des beautés du XVIIIe ».
Entre libido, glycémie, fatalisme délétère des mesures libertaires, poésie vénale, amour au mur des lamentations et sonate au clair de lune, il y a une foultitude de pas que l’artiste franchit à chaque fois avec légèreté. A la fois dans le geste et dans le mot. C’est tout à la fois du « standing-walking » et du « entrez en transe ». Réflexions et élucubrations déjantées sortent et roulent à flot continu vers un public qui en vient parfois à se demander jusqu’où tout cela va-t-il aller. En fait, tout simplement vers « une heure de rire qui vaut un bon steak » ! »
Louis Lefèvre
- THÉÂTRE AU VENT – ACTUALITÉS THÉÂTRALES
DE FRÉHEL A NOS JOURS AU CONNETABLE – 2018
Comédienne, clown, poétesse, lectrice (et chanteuse depuis peu), Isabelle Sprung cumule les avantages…Elle a travaillé sous le signe de la diversité : Elie Semoun, Etienne Chatiliez, Coline Serreau, Jean-Claude Penchenat, Jérôme Deschamps, Macha Makeieff…De la troupe théâtrale ou du plateau de cinéma il n’y a qu’un pas vers le « Seul(e) en scène ». Qu’elle maîtrise à l’évidence de bout en bout. En témoigne cette aventure chansonnesque intitulée « DE FREHEL A NOS JOURS » qui se termine le 12 décembre mais que les esprits curieux pourront encore découvrir – voire retrouver – dès le soir du 14 novembre au Connétable à Paris. Nous y serons. Pour la troisième fois consécutive. En effet, comment résister à un tel phénomène, en parfait décalage avec les modes éphémères ? Ni fantaisiste, ni tragédienne, Isabelle Sprung (Zaza pour les intimes, vous en serez bientôt) évolue avec un aplomb proprement stupéfiant, masquant à peine une sensibilité à fleur de peau. A côté des chansons que créa Fréhel, nous retrouvons l’univers de Marie Dubas comme celui d’Edith Piaf. Isabelle Sprung rappelle -lors d’intermèdes aussi instructifs et concis qu’imagés – combien la grande Edith admirait Marie Dubas. Faire se côtoyer ces trois styles – aux reliefs colorés autant que saisissants – relève d’une grande intelligence de cœur. Isabelle Sprung a pour elle la singularité de proposer les situations les plus dramatiques tout en déployant une faconde et un sens de l’humour, certes ravageur mais empli de tendresse et de respect pour ces personnages féminins dont la restitution échappe ici à la notion même dite « réaliste ». Pour apparaître d’une actualité étonnante. Moderne. Troublante même.
C’est bien la première fois que l’on assiste à une forme d’interprétation anticonformiste de chansons marquées par Edith Piaf : « Milord », « Padam Padam », « Les amants d’un jour » et le très rare « Dans ma rue ». Notre comédienne chantante se délecte à chaque instant. Nous aussi. Elle redonne ses lettres de noblesse à l’art de l’interprétation : fidèle dans l’esprit, inventive dans la forme. Tout est là !
Et Fréhel ? Six titres forment, à eux seuls, un portrait fidèle de la « Môme Catch Catch ». On y croit : les images nous interpellent, nous bousculent. Tant de tragédies, tant d’espoirs aussi en une vie de soleil. Soleil trompeur !
Quant à Marie Dubas, elle fut – après ses débuts au théâtre puis au cabaret- l’une des reines du music-hall et la première à risquer la formule du récital (sans micro !) où elle donna libre cours à son immense talent de fantaisiste ou de tragédienne, faisant naître l’émotion juste à la suite d’une chanson légère…Isabelle Sprung excelle, dans son sillage, à mettre en scène le « Tango stupéfiant » ou ce formidable « Garçon » quasi cinématographique…Elle reprend « Je suis bête » (paroles de Marie Dubas!) et nous régale de « L’amour au passé défini » portant les signatures de Vincent Scotto et du non moins génial Géo Koger.
Le choix, la disposition et l’enchaînement des chansons restent un travail de dentelle pour cette artiste, unique en son genre, sachant détailler une saynète comme peu en apportant, par une gestuelle étudiée mais naturelle, une leçon de music-hall dans le cadre intimiste du cabaret. Terminons par l’essentiel, ce regard où passe un arc-en-ciel d’émotions, un charme et beaucoup de drôlerie. Zaza conquiert son auditoire, lentement mais sûrement. Par le cœur et par l’esprit.
Au piano, Patrick Langlade (sans partition) suit d’instinct, face au mur. Discret, pertinent sous tous les climats et tous les rythmes du sentiment humain. Entre impressionnisme et fauvisme. Mais plus souvent adepte du cubisme, il « assure grave ». Une belle présence, décalée, hors norme. En un mot, précieuse.
En première partie, CHARDRY, » l’homme à la guitare bleue ». Il chante Chardry, Claude Lemesle et une ou deux des vingt-cinq chansons inédites qu’il a composées sur les mots et en compagnie d’Allain Leprest. A bon entendeur. Car « Les femmes sont courbes »…
Laurent GHARIBIAN
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Zaza Stand Up, de et par Isabelle Sprung